Dernier débat préalable de la matinée, lors du Conseil départemental du 4 octobre, consacré au désengagement de l’Etat auprès des collectivités locales. Thème retenu d’abord par le groupe communiste et républicain, Front de Gauche, puis par le groupe des droites.
Hubert Wulfranc a solennellement mis en garde le gouvernement et ceux qui le soutiennent : « Les Départements sont clairement en danger, menacés d’asphyxie par un gouvernement dont les membres dénonçaient avant exactement ce que nous dénonçons aujourd’hui. Coupable de diminuer ses dotations, la part de prise en charge des allocations de solidarité dont il fixe par ailleurs le montant, et de transférer des compétences pas ou peu compensées. C’est le double effet cisaille ! ».
Scandalisé par la réforme de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) qui a remplacé la Taxe professionnelle, « ce qui fut à l’époque le premier hold-up organisé par la Droite libérale alors au pouvoir sur le financement des collectivités locales », il s’en est pris au Ministre Baylet : « Il estime que les collectivités locales ont retrouvé ainsi un bol d’oxygène, il ne manque pas d’air. Nous oui ! Et le carnage continue au détriment de nos missions, des moyens indispensables pour satisfaire les besoins de nos administrés ».
Hubert Wulfranc a tenu ensuite à rappeler la logique animant ce désengagement de l’Etat : « Les richesses augmentent, la pauvreté, la précarité, le chômage aussi. Bercy voit se succéder les ministres libéraux, les difficultés s’accroissent pour l’immense majorité des foyers et leurs collectivités locales. L’argent quant à lui est parti ailleurs… Jamais les détenteurs de capitaux n’auront vu leur patrimoine et rémunération grossir si rapidement, sponsorisés en partie par de l’argent public, eux qui pourtant sont à l’origine de la crise de 2008 dont les peuples payent chaque jour la facture ».
Le président du groupe a ainsi rappelé que ces constats motivent la mobilisation des élus communistes : « C’était le sens de notre présence le 15 septembre dernier à votre appel, Monsieur le Président, pour la mobilisation générale des élus de la Seine-Maritime et des citoyens en faveur de leur département. Et qu’il y ait ou non des arrière-pensées dans cette démarche, excuse trouvée par un certain nombre de nos collègues pour ne pas se joindre à nous, nous importe peu. L’intérêt général doit primer sur les considérations partisanes et les prises de position ne sauraient être à géométrie variable selon que l’on soutienne ou que l’on s’oppose à un gouvernement ou à une majorité. Comment voulez-vous que la parole publique retrouve du crédit aux yeux des gens si elle change au gré du vent ? ».
Ce qui lui a permis de renvoyer la Droite à ses contradictions : « Sur une échelle variant de 70 à 100.000 milliards d’économie sur la fonction publique et les collectivités, les candidats à la Primaire de la Droite rivalisent d’annonces qui vont toutes dans le même sens, encouragés, décomplexés par les politiques conduites par le gouvernement actuel ». Avant de citer des extraits du « Figaro » détaillant successivement les positions prises par Fillon, Juppé et Sarkozy sur cette question et invitant, à chaque énumération, les élus du groupe de Droite à lever la main au nom de leur champion…
Il en a tiré une conclusion évidente : « Tout ce mouvement annonce clairement de nouveaux désengagements de l’Etat et des nouvelles régressions des politiques publiques. Pour notre part, à défaut d’être encore majoritaires, nous restons constants. Ce qui était un mal hier l’est toujours aujourd’hui et le sera demain. Et ce poison à un nom : l’austérité. Aucun programme électoral en démocratie, à commencer par celui sur lequel cette majorité départementale a été élue, ne peut survivre à un effondrement constant des moyens publics. De là naissent les engagements non tenus et se creuse le fossé entre les élus et la population. Les populismes sont de retour capitalisant la colère et les sentiments d’injustice face à un pouvoir politique incapable d’agir sur le cours des choses et de résoudre les difficultés qui percutent la société ».
Hubert Wulfranc renvoyant ensuite tous les autres groupes à leurs propres turpitudes : « Vous vous êtes ainsi enfermés dans un simple jeu de rôles, porteurs les uns comme les autres d’une impuissance qui désormais appelle clairement d’autres solutions ».
Dominique Métot, pour le groupe des indépendants, a déclaré aller « dans le même sens », estimant qu’Hubert Wulfranc a « en partie raison » mais s’empressant d’ajouter un peu vite : « D’autant plus que les siens ne seront jamais dans un gouvernement ». Enfin, il a fait part de son point de vue… bien sombre : « Moi j’ai bien peur que les prochaines élections ne changent rien ».
Pour sa part, par la voix de Luc Lemonnier, la Droite s’est défendue sur le bilan des gouvernements avant Hollande, estimant que la baisse des dotations n’a « jamais été à ce niveau là ». Un effort actuel qualifié par Denis Merville de « trop fort et trop rapide ». « Ca suffit ! » a lancé pour sa part Virginie Lucot-Avril présidente du groupe de Droite se faisant la défenseur du service public et d’un retour des dotations de l’Etat « à la hauteur ».
Plutôt discrets sur ce sujet, les élus socialistes se sont contentés de dénoncer « un débat stérile », Nicolas Rouly regrettant « les excès de langage et les postures politiciennes ». Il a tenu à préciser que « les départements sont encore en capacité d’agir et cette action reste différente selon quelle majorité les préside ».
Enfin, Jean-Paul Lecoq a appelé « à un changement de cap radical dans l’approche des politiques publiques », estimant que « les gens en ont assez du renvoi de baballe entre ceux qui disent qu’ils ne peuvent pas faire autrement en raison des circonstances, du contexte, de ceci ou de cela ». Il a considéré « le point de rupture atteint. N’importe quelle politique publique a besoin de financements sinon c’est un leurre. Ne pas aborder cette question, c’est rester dans un jeu de dupe ».
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