Le Département gère les conséquences de la ZFE mise en place par la Métropole de Rouen : Joachim Moyse, Séverine Botte et Nicolas Langlois interviennent

Le Département gère les conséquences de la ZFE mise en place par la Métropole de Rouen : Joachim Moyse, Séverine Botte et Nicolas Langlois interviennent

En raison de la création d’une ZFE (zone à faibles émissions) sur la Métropole de Rouen, le Conseil départemental du 23 juin a mis en place un dispositif d’aide individuelle pour les automobilistes aux revenus modestes, domiciliés en dehors de la Métropole rouennaise, et contraints de s’y rendre pour raison professionnelle. Une aide pour contribuer à changer de véhicule (électrique, hydrogène, hybride ou gaz) afin de pouvoir pénétrer dans le large périmètre concerné par la ZFE.

En fonction du véhicule et des ressources de l’automobiliste, l’aide du Département varie de 4.000 à 500 € (et de 2.000 à 500 € sans condition de ressource pour l’électrification d’un véhicule thermique). L’enveloppe budgétaire consacré par le Département pour ce dispositif est de 500.000 €. Pour les habitants de la Métropole un dispositif analogue existe : 4.000 € sous conditions de ressources en complément des aides de l’Etat.

Joachim Moyse s’est exprimé, au nom du groupe de la Gauche combative, communiste et républicain sur ce dispositif.

« La loi Climat et Résilience impose aux métropoles la mise en place des zones à faibles émissions de gaz polluant à échéance fin 2024. Ces zones limitent, entre autres, le type de véhicule qui pourra désormais circuler dans les périmètres urbains concernés.

La Métropole de Rouen a décidé d’anticiper cette mise en œuvre afin qu’elle soit réalisée avant la date obligatoire d’entrée en vigueur, ignorant visiblement les conséquences immédiates qu’elle entraîne pour les automobilistes extérieurs à la Métropole et qui pourtant sont contraints de s’y rendre. Notamment pour impératif professionnel.

Donc le Département se propose aujourd’hui de venir aider celles et ceux qui ont de faibles ressources, se retrouvent pris au piège.

Je tiens à préciser que nous soutenons l’esprit de la démarche qui vise à baisser les émissions de gaz polluant, prenant acte de l’urgence écologique à laquelle nous sommes confrontés.

Pourtant, il nous semble que la Métropole a confondu vitesse et précipitation, et que l’urgence ne justifie pas de prendre des mesures qui, à mon sens, n’embrasse pas la totalité du problème, ni même la diversité des situations.

Parce que l’on sait que même avec cette aide, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas assumer le coût que représente un tel investissement, et qu’elle arrive à un moment très difficile pour le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Un pouvoir d’achat laminé qui contraint les gens à faire des choix dans leurs dépenses essentielles.

Or, contraindre, c’est empêcher de faire le choix, le choix d’investir dans tel ou tel poste de dépense et les plus contraints sont aussi les moins riches.

Ce que nous déplorons, c’est que ce calendrier si resserré ne laisse pas aux habitants les plus pauvres le temps de s’organiser, que les solutions proposées ne sont pas suffisantes pour permettre d’accompagner celles et ceux qui sont déjà contraints sur bon nombre des dépenses de leur quotidien.

Cette aide départementale, à l’image des aides mis en place par la Métropole pour les administrés des communes qui la composent, ou des aides de l’Etat, n’est pas suffisamment conséquente. De plus, elle est également trop restreinte vis-à-vis du public qu’elle touche.

Si nous pouvons saluer la prise en charge, outre les habitants de l’agglomération rouennaise, de celles et ceux qui s’y rendent pour raison professionnel, il reste une bonne partie des situations qui échappe à ce dispositif.

Les travailleurs ponctuels, les jurés d’assises ou les personnes devant se rendre devant les tribunaux, les personnes devant venir au CHU, comme tous ceux qui sont liés à des services et établissements installés sur la Métropole en raison de son statut de capitale du département et de co-capitale de région.

On nous répond souvent : il y a les transports en commun. C’est vrai sauf que c’est méconnaitre les difficultés et même le blocage qu’entraine pour de nombreuses personnes le recours aux transports urbains dans une ville que vous ne connaissez pas.

La réponse ne peut être globale à travers une réflexion collective et réelle sur le sujet qui impliquerait un travail avec la Métropole autour des transports en commun et des parkings relais.

Un travail collaboratif avec la Métropole est impératif si l’on ne veut pas multiplier des dispositifs en silo, qui ne s’articulent pas avec le reste. C’est depuis plusieurs années, une mauvaise habitude prise et c’est regrettable.

Enfin, les conséquences de cette ZFE nous poussent également à nous interroger sur la pertinence de vouloir concentrer sur une ville déjà visiblement saturée, les grandes fonctions administratives et publiques qui à un moment ou un autre concerne l’ensemble des habitants du Département.

Ainsi au Havre, la création d’un CHU ou la montée en puissance de l’université seraient de bons leviers pour y contribuer… »

Puis Séverine Botte a également réagi :

« La lutte contre la pollution liée au transport routier et aux voitures est essentielle.

Et il ne s’agit évidemment pas ici de contester cette aide du département mais de dénoncer que la philosophie de la ZFE telle qu’elle va être mise en œuvre est mauvaise. Elle ne répond en rien à l’objectif fixé et risque de créer une Zone à Forte Exclusion. Le pouvoir d’achat est fortement mis à mal par l’augmentation des prix notamment l’énergie et les carburants et on remet une couche avec la ZFE.

Tant que les moyens financiers et matériels (comme le déploiement massif de bornes de recharge pour les voitures électriques, le développement des transports en commun…) ne seront pas à la hauteur de cet enjeu, tant que l’Etat ne mettra pas la main au porte-monnaie pour aider les collectivités à inscrire la ZFE dans un plan global d’alternative à la voiture et permettant aux plus modestes de pouvoir changer de véhicule ou d’avoir accès à un service de transport collectif efficace et gratuit , nous ne serons pas favorables à l’extension de la ZFE sur les communes d’Oissel et SER.

Et il nous apparaît tout à fait incohérent de présenter dans cette délibération le contournement est comme étant une solution non polluante/permettant de réduire l’émission de GES sur notre territoire, je ne vais pas redévelopper tous les inconvénients d’une telle infrastructure en matière de santé publique, l’impact sur l ‘environnement et l’absence de certitudes concernant la réduction des congestions routières sur la métropole. Les études le démontrent.

Et la seule certitude que nous ayons, c’est que notre canton (mais il n’est pas le seul territoire) sera davantage impacté par diverses pollutions, qu’elles soient de l’air, visuelle ou sonore. L’état s’obstine donc à s’engager pour le contournement alors que dans le même temps il impose la réduction de la place de voiture avec la ZFE, on est en droit de se demander s’il ne souffre pas de bipolarité.

Pourtant depuis de nombreuses années, nous proposons des alternatives pour désengorger les axes de circulation surchargés, en étant convaincus de l’atout ferroviaire et fluvial à notre disposition, en optimisant les infrastructures déjà existantes en lieu et place de nouveaux corridors autoroutiers synonymes d’artificialisation des sols, de concentration de GES et de polluants atmosphériques dans des zones fortement peuplées, entre autres…

Il faut construire l’alternative au tout-routier (et réduire la place de la voiture) pour répondre au défi de la transition écologique. Nous sommes et resterons contre les mesures d’écologie punitive à l’encontre des plus modestes. Nous sommes profondément convaincus que le développement durable doit être social et corriger les inégalités plutôt que de les creuser. »

La délibération a été adoptée à l’unanimité.

Pour visionner l’intervention de Joachim MOYSE : Conséquences de la ZFE – Vidéo – JM

Pour visionner l’intervention de Séverine BOTTE : Conséquences de la ZFE – Vidéo – SB

Pour visionner l’intervention de Nicolas LANGLOIS : Conséquences de la ZFE – Vidéo – NL

Pour télécharger l’intervention de Joachim MOYSE : Conséquences de la ZFE – JM

Pour télécharger l’intervention de Séverine BOTTE : Conséquences de la ZFE – SB


Sébastien

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