Le groupe « Ecologie 76 » a choisi de traiter des enjeux du vieillissement à l’occasion du débat de politique départementale qu’il a animé lors du Conseil départemental du 7 décembre. L’occasion pour les élus de la Gauche combative, communiste et républicaine de développer, par la voix de Christine Morel, leur analyse et leurs propositions pour répondre aux devoirs de la société auprès de nos ainés.
« Comme dans tous les départements de France, nous connaissons un vieillissement de la population. Il s’agit bien d’un phénomène national qui représente un vrai défi pour l’avenir. Sauf qu’en fonction des départements et des régions, ce défi est encore plus grand…
Je rappellerai simplement quelques chiffres pour la Seine-Maritime qui dressent la tendance à laquelle nous sommes confrontés, et qui expliquent ce vers quoi nous devons tendre dans un contexte économique toujours plus tendu pour les départements.
Car si l’État attend toujours autant des départements pour prendre en charge le vieillissement, il ne lui donne pas plus de moyens pour autant !
La Seine Maritime, c’est 20,7% de personnes âgées de plus de 65 ans en 2020, soit un chiffre équivalent à la moyenne nationale, mais en revanche, la part augmente de 28% entre 2010 et 2020, bien plus vite que sur le reste du territoire.
Ça revient à dire qu’aujourd’hui le vieillissement de notre population s’accélère, qu’elle est portée par un nombre d’actifs et de jeunes qui décroit et que les dispositifs que nous avons mis en œuvre il y a déjà plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années, ne sont plus adaptés.
Cela veut dire également que l’une des réponses qu’il faut booster c’est le maintien à domicile pour éviter d’engorger les établissements existants tels que les EHPAD et les Résidences autonomie aux listes d’attente parfois longue.
Mais aussi parce que laissé le choix entre plusieurs type d’habitat.
Cela veut dire aussi avoir recours à des professionnels en nombre suffisant dans tous l’étendue des métiers mobilisés pour l’accompagnement et le soin de nos anciens, dans le secteur de l’aide à domicile, dans les EHPAD, dans les Résidences autonomie. Et c’est sur cette dimension que je souhaiterais insister.
La pénurie existe déjà partout. Les métiers sont sous tension. Le turn-over nuit à la stabilité nécessaire des équipes. Et les gestionnaires passent un temps considérable pour trouver des solutions pour pourvoir les postes, notamment en faisant appel à l’intérim, et pour définir les plannings de travail.
Ce constat lamentable s’agissant de l’attention, du soin, du lien que nous devons à nos ainés, n’est pas le fuit du hasard. Là encore, c’est le résultat d’un manque d’anticipation dans les politiques publiques, d’un manque de moyens mobilisés, d’un manque de reconnaissance des personnels et des métiers qui, notamment ne disposent pas de la rémunération et des conditions de travail que mérite leur engagement.
C’est aussi le résultat d’une doctrine gouvernementale mainte fois commise qui a cru qu’en laissant le privé s’engouffrer massivement pour couvrir les besoins de ce secteur, le job serait fait. On connait le résultat : c’est le scandale ORPEA, c’est un système d’intérim qui plombent les budgets, ou encore des sociétés d’aides à domicile qui ont abusé, pressuré, exploité, leurs salariés.
J’ai rencontré plusieurs salariés qui travaillent dans ce secteur qui, aujourd’hui peine à recruter. Et ils confirment les dérives qui sont de plus en plus fréquentes sur notre territoire, à savoir des associations qui agissent comme des entreprises alors même que le secteur est à la limite de la rentabilité. Que les salariés sont pressurés, peu remplacés, mal payés et mal formés. Notre groupe a déjà souligné les abus auxquels certaines « entreprises associatives » avaient recours, notamment en matière de management.
Il n’y a pourtant pas de secret, si les bénéfices des sociétés présentes sur ce secteur étaient mobilisés pour accroitre la réponse aux besoins, et je parle de réponse qualitative et pas seulement quantitative, de nouveaux leviers existeraient.
De même, partant d’une principe qu’une société qui ne prend pas soin de ses ainés n’est pas une société civilisée, la fiscalité sur les entreprises et sur les plus hauts revenus doit aussi être mobilisée. Je sais que cela ne relève pas des compétences du département mais cela fait partie des questions a se poser.
Or, si nous voulons vraiment tenir compte des enjeux que représente ce vieillissement rapide de notre population en Seine Maritime, il est temps de repenser le secteur de l’aide à domicile, en lui donnant les moyens de faire un travail vraiment qualitatif où la part publique reprend toute sa place pour éviter les errements du privé dans le domaine. »
Pour télécharger l’intervention de Christine MOREL : Répondre aux enjeux du vieillissement – CM