Le groupe des élus de la Gauche combative s’est naturellement associé au groupe des élus écologistes 76 pour demander une nouvelle fois l’abandon du projet routier de contournement Est de Rouen par une autoroute à péage, et la réorientation des 40 Millions d’€ que la Droite au Département a mobilisé pour financer ce projet d’un autre âge.
C’était l’objet d’un débat animé par le groupe écologiste en ouverture du Conseil départemental du 12 octobre, dans lequel Joachim Moyse s’est inscrit pour faire des propositions concrètes…
« Monsieur le Président, chers collègues,
Il est grand temps de tourner la page du Contournement Est de Rouen et de la refermer en redirigeant les moyens prévus pour son financement.
Depuis sa présentation en 2012, les élus communistes n’ont eu de cesse de multiplier les initiatives pour exiger l’abandon du projet d’autoroute à péage, à l’Est de Rouen, au regard de ses conséquences néfastes pour les populations concernées et de son impact sur l’environnement.
Avec les opposants historiques et notamment des acteurs de la société civile, nous avons pu convaincre et agglomérer autour de cette cause de nombreux exécutifs locaux, le Département de l’Eure, la Métropole de Rouen, la Communauté de Caux Seine Austreberthe. Certains ont même changé d’avis depuis le début du projet.
Et désormais, à l’heure d’une transition écologique devenue incontournable pour la protection de la population et de son environnement, les arguments écologiques, sociaux, sanitaires et financiers en défaveur de cette autoroute à péage ont pu se frayer un chemin jusqu’au Conseil d’orientation des infrastructures (COI) qui conseille le Gouvernement sur les priorités d’investissements dans les mobilités et les transports.
Dans son dernier rapport, le COI avait préconisé de revisiter ce projet d’autoroute à péage avant de signer un contrat de concession au vu des nombreux éléments d’incertitudes, de son impact environnemental, ainsi qu’au regard des politiques publiques à développer depuis la déclaration d’utilité publique de 2017, notamment dans le ferroviaire.
Dans ce sens, les plus de 500 millions d’euros d’investissements publics inscrits au financement de ce projet doivent être employés bien plus utilement au développement de l’offre de transport par le rail en région et sur l’étoile ferroviaire rouennaise, afin de décongestionner la circulation au sein de la Métropole ou dans des actions utiles socialement et écologiquement pour les Normands et les Seinomarins.
Entre la Ligne Nouvelle Paris Normandie, la nouvelle gare de Rouen rive gauche, le déploiement progressif d’un service express métropolitain rouennais ou la relance du fret ferroviaire, les plus de 250 millions d’euros, revus avec l’inflation et que l’État devait financer, seront bien plus utiles à ces investissements vertueux.
La Région, le Département de la Seine-Maritime, tout comme la Métropole de Rouen sont légitimes pour apporter aussi leurs contributions à ces projets.
En ce qui concerne le département de Seine-Maritime, dont la contribution initiale de 22M€ avait été revue à la hausse à hauteur de 40 Millions d’€ suite au désengagement de la métropole Rouennaise, il est temps désormais qu’il referme lui aussi cette page du Contournement à péage, à l’Est de Rouen.
Les sommes prévues en investissement, qui devraient plutôt avoisiner les 45 M€ si on tient compte de l’inflation, pourront ainsi utilement bénéficier à l’ensemble des habitants Seinomarins du monde rural et du littoral comme ceux des villes urbaines.
Dans le champ de l’éducation, les projets ne manquent pas pour développer des programmes de rénovation ou de reconstruction de collèges ou simplement accélérer la mise en œuvre de projets dans le plan Ambition Collèges. En lien avec les collèges, cette enveloppe supplémentaire pourrait aussi mieux répondre aux besoins en matière d’équipements sportifs.
Dans le domaine de la santé, des bâtiments pourraient être construits ou rénovés pour accueillir des centres départementaux avec des médecins salariés ou encore, les communes investissant dans des centres de santé pourraient être davantage soutenues.
Pour nos ports, à l’occasion de la création du Syndicat Mixte des Ports Départementaux de Seine-Maritime, il y aurait aussi matière à abonder les investissements comme au Tréport, au port de pêche du Havre et surtout à Fécamp par exemple.
Je m’arrête ici parce que la liste est longue des possibilités de rediriger cette somme prévue en investissement vers des dépenses utiles pour tous les Seinomarins. »
Et pour enfoncer le clou, le groupe de la Gauche combative a ensuite interrogé le Président du Conseil départemental, par l’intermédiaire de la procédure des questions orales et par la voix de Séverine Botte, pour connaître ses intentions…
« Monsieur le Président,
Il y a quelques jours vous avez réaffirmé votre volonté auprès de la 1ère Ministre de voir le projet de contournement Est de Rouen aboutir. Dans un courrier que vous avez cosigné, vous assurez que « le territoire normand, dans toutes ses composantes, est déterminé à poursuivre son engagement » en faveur de ce projet.
Depuis plus de dix ans, nous, élus communistes, avions ouvert le débat et engagé le combat avec les Maires de Oissel et de Saint-Etienne du Rouvray, et les élus de leur majorité, contre ce projet.
Nous nous sommes alors rassemblés avec les écologistes, les autres communes impactées, les associations et les habitants pour dire non à un projet autoroutier d’un autre siècle, incompatible avec les engagements de notre pays en matière de lutte contre le changement climatique.
Contrairement à ce que vous soutenez, ce projet n’est pas « la seule solution opérationnelle pour répondre aux impacts écologiques, sanitaires et économiques » engendrés par les difficultés liées à la circulation.
C’est d’ailleurs le sens du rapport, publié en décembre 2022, du Conseil d’Orientation des infrastructures (COI) qui note que les projets des contournements d’agglomération « méritent d’être repensés au vu de la recherche de sobriété et de réduction des impacts environnementaux ».
Il est également précisé que « le COI est plus partagé concernant le projet de contournement Est de Rouen, à la fois maillage autoroutier et contournement d’agglomération ». Il déplore ainsi des « impacts environnementaux qui sont très importants».
Pourtant, nous le savons tous, des alternatives existent dans le cadre d’un aménagement du territoire socialement et écologiquement responsable : avec le développement des transports en commun, une relance du ferroutage et du transport fluvial.
Aujourd’hui, la majorité des seinomarins est opposée à un projet qui ne règle rien et aggrave au contraire les difficultés.
En participant à l’augmentation du trafic des véhicules et des poids lourds, ce projet d’autoroute payante sera le vecteur d’une production supplémentaire de 50.000 tonnes de CO2, sans compter les autres gaz à effet de serre (GES) comme le dioxyde d’azote. A cette pollution s’ajouteront les particules fines (PM10) et très fines (PM2.5) extrêmement dangereuses pour la santé.
Le pont autoroutier long de près de 1.2 Kilomètres sur Oissel, Saint Etienne-Du-Rouvray, les Authieux et les communes avoisinantes a été dessiné sans aucune considération pour les plus de 40.000 habitants vivant à proximité.
Au-delà de la question essentielle de la pollution de l’air, enjeu majeur de santé publique, vous semblez toujours ignorer les impacts graves sur l’environnement, l’agriculture, la biodiversité et sur le cadre de vie, le bruit engendré.
Alors que le Département communique sur l’élaboration de son Plan Climat 2020-2025 avec pour objectifs affichés : la réduction des émissions à effet de serre et l’adaptation de tout le territoire de la Seine-Maritime au risque climatique, alors que le Département relève dans sa communication que les transports sont responsables d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, vous soutenez un projet qui entre en collision frontale avec les enjeux environnementaux et de santé publique. Vous soutenez un projet construit sans les habitants et rejetés par eux.
A l’approche de la préparation du budget départemental 2024 soumis à de fortes contraintes et devant faire face à une indispensable mobilisation accrue, tant pour financer la transition écologique, que pour soutenir le pouvoir d’achat des seinomarins, nous vous interrogeons sur vos intentions quant aux 40 Millions d’euros que le Département a bloqué pour financer ce projet d’autoroute urbaine à péage.
Les alertes que je viens de rappeler, tout comme la détermination des populations qui ne veulent pas voir leur santé et leur environnement sacrifiés pour les besoins de ce projet, vous ont-elle permis de cheminer vers le souhaitable abandon de ce projet.
Car au-delà d’une décision de retrait de ce projet inutile, néfaste et coûteux qui d’un coup ferait faire un grand pas à notre Plan Climat 76, elle permettrait d’injecter 40 Millions pour soutenir nos besoins d’investissements en faveur par exemple de la rénovation thermique des bâtiments ou de compléter le Plan Ambition Collèges. »
Pour télécharger l’intervention de Joachim MOYSE : Fin du contournement Est de Rouen – JM
Pour télécharger la question de Séverine BOTTE : Fin du contournement Est de Rouen – SB
