Pour le quatrième débat d’introduction au Conseil départemental du 10 décembre, le groupe socialiste a proposé la tenue d’une conférence sociale, démocratique et environnementale en Seine-Maritime.
Par la voix de Nicolas Rouly le groupe socialiste est revenu sur le mouvement des Gilets jaunes, sa réalité, ses enjeux, retenant notamment l’exigence de démocratie locale : « Certes ce qui s’exprime aujourd’hui est une crise du pouvoir d’achat, mais c’est aussi la confirmation d’une défiance persistance de nos concitoyens envers les institutions représentatives ».
Aussi, il a souligné « la nécessité de débattre au plus près des territoires », avant de proposer de s’emparer de la demande gouvernementale pour organiser en Seine-Maritime « une conférence sociale pour renouer les fils du dialogue comme le propose la Fédération des petites villes à travers l’ouverture des mairies pour recueillir des cahiers de doléances ».
Pour le groupe communiste, Sophie Hervé a répondu : « Quand il s’agit de discuter avec les gens et leurs organisations collectives, de politique, de stratégie, d’enjeux de société et de propositions, nous répondons toujours présents. Car en effet, notre République souffre d’un manque de dialogue, de concertation. Pas celle qui consiste à décider puis à concerter pour la forme, comme lors de la réforme ferroviaire par exemple, mais la vraie concertation, celle qui n’écrit pas les conclusions avant la fin des échanges ».
Elle a tenu à dénoncer « l’échec cinglant de la méthode comme de la vision libérale, poussées jusqu’à l’extrême, jusqu’à la rupture, par le duo Macron-Philippe, mais que le précédent duo Hollande-Valls portait également fussent-t-elles avec une teinture sociale : qui sème le vent récolte la tempête ! ».
Sophie Hervé a estimé que « cette conférence serait utile pour guider, quitte à les réorienter, les politiques conduites par notre Conseil départemental afin de prendre en compte les exigences qu’impose la situation économique et sociale, mais aussi ce qu’attendent les citoyens seinomarins. Mais elle pourrait aussi apporter sa pierre à l’édifice national pour redynamiser une 5e République à bout de souffle ou en construire une 6e. Parce qu’au-delà des échanges, ce sont bien les actes concrets qui comptent. Ne pas débattre pour gagner du temps, débattre pour agir autrement ».
Céline Sineau-Patry, pour la majorité, a retenu du mouvement la fracture entre « les grandes métropoles et les territoires ruraux ». Concernant la proposition du groupe socialiste, elle a estimé que « c’est l’Etat qui est en cause et les attentes des gilets jaunes sont du ressort de décisions nationales. C’est aux représentants de l’Etat d’organiser ces concertations, de manière uniforme sur tout le territoire ».
Nicolas Rouly ayant pris exemple dans son intervention des ateliers qu’il avait organisé, Charlotte Masset a rétorqué que les personnes qui s’y rendaient « n’avaient pas franchement le profil de ceux qui ont des gilets jaunes », estimant que « notre majorité a compris les attentes du mouvement au point de les anticiper, notamment sur le ras le bol fiscal. C’est pour cela que nous n’avons pas augmenté les impôts. Même chose concernant le sentiment de décrochage des milieux ruraux avec notre dispositif pour soutenir les investissements communaux. Si le groupe socialiste avait compris tout cela, il ne serait pas aujourd’hui dans l’opposition ».
Dominique Métot, pour le groupe des indépendants, a invité « à un peu de cohérence » citant notamment les propos du maire du Havre et vice-président du Département qui a affirmé dans la presse du jour « Nous n’avons pas vocation à tout attendre de l’Etat. C’est donc peut-être vers le Département, vers les entreprises que nous pourrions, collectivement, voir comment rassurer à court terme avant de pouvoir donner des perspectives sur les moyen et long termes ».
Stéphane Barré s’est alors étonné : « Pour beaucoup vous semblez découvrir le ras le bol généralisé qui s’exprime à travers le mouvement des Gilets jaunes et vous tentez d’inventer des solutions. Mais ce qui se dit, nous vous le disons depuis des années. Macron paye sa propre ardoise et aussi celle de ses prédécesseurs, Sarkozy et Hollande. Quant aux solutions, c’est simple, écoutez ce qui est dit. Il faut changer le cap des politiques que vous soutenez. Remettez l’humain d’abord et la finance après ».
Le Président Martin a conclu en déclarant « être en attente des annonces pratiques pour l’organisation des concertations annoncées sous les trois mois, par le Président de la République. Et le Département y prendra toute sa place, mais sans se substituer à l’Etat qui est directement concerné ».
Un débat assez confus côté majorité où tous les élus disaient comprendre le mouvement, mais au milieu desquels Jean-Christophe Lemaire venait dire que « l’économie locale est en danger en raison des blocages ». Certains de ses collègues affirmant que « l’une des clés pour sortir de la crise passait par les départements », alors que d’autres renvoyaient l’initiative à l’Etat. L’occasion surtout pour eux d’afficher une autosatisfaction promotionnelle à partir des politiques développées en Seine-Maritime, certes « avec humilité », mais visiblement sans aucune remise en cause…
Pour télécharger l’intervention complète de Sophie Hervé : DPD 4 – Conférence sociale – SH