Projet Régional Santé présenté par l’Etat : de belles intentions mais aucun moyen supplémentaire, avis négatif des élus communistes

Projet Régional Santé présenté par l’Etat : de belles intentions mais aucun moyen supplémentaire, avis négatif des élus communistes

Après une présentation du Projet Régional de Santé (PRS) pour la période 2018-2028 présenté devant le Conseil départemental du 21 juin par la directrice de l’Agence Régional de Santé (service de l’Etat), un débat a été organisé.

La Vice-Présidente Nathalie Lecordier, pour la majorité, a d’abord valorisé ce que le Département développe dans le domaine de la santé et du médico-social, avant de faire état de l’avis favorable de son groupe sur ce PRS « car ses axes et thématiques rejoignent celles définies par le Département ». Tout juste a-t-elle regretté que l’Etat ne mettent pas « forcément » les moyens face à ces enjeux. Mais visiblement elle comprend bien pourquoi en affirmant que : « Oui la santé a un coût et ceux qui le nient font courir un risque à tout le système ». Par conséquent, « malgré quelques réserves et avec grand pragmatisme », les droites soutiennent ce projet.

Autre son et autres images pour Stéphane Barré et le groupe communiste du Front de Gauche qui a commencé son propos en interpellant la directrice : « Comment avons-nous pu en arriver là dans l’un des pays les plus riches du monde ? Parce que le diagnostic indispensable à tout traitement, manque à nos yeux dans ce PRS ».

Visiblement « l’état dans lequel se trouve notre système de santé est de la responsabilité politique des gouvernements qui se sont succédés depuis 15 ans. Des gouvernements qui ont cru que la santé était un marché et que l’hôpital, les EHPAD, devaient se gérer comme des entreprises. A l’arrivée, cette logique a conduit le secteur privé à accroitre ses marges et profits, au détriment du service public de santé, du traitement équitable des patients qui ne bénéficient plus du même accès au soin, mais d’un traitement différencié, entre leur capacité de ressources, leur lieu de vie, leur mobilité ».

Mais au-delà de ce besoin de diagnostic, c’est surtout « les projets et actions envisagées concrètement dans notre Département pour remédier à plusieurs situations qui nous semblent urgentes de résoudre et dont les réponses ne nous ont pas sautées aux yeux » qui ont motivé l’essentiel de l’intervention de Stéphane Barré : « à commencer par les déserts médicaux et la pénurie de médecins, l’état de délabrement de la psychiatrie dont les mobilisations fortes des personnels de ce secteur, à l’image de ceux du Rouvray ou de Janet au Havre, appellent des réponses immédiates et d’ensemble ».

Poursuivant ses questionnements, il s’est ensuite arrêté sur la situation inquiétante de « la pédopsychiatrie, à l’hôpital tout d’abord, mais aussi dans le réseau des Centres Médico-Psychologiques (CMP) qui ne sont plus en mesure de répondre dans des délais raisonnables à tous les besoins. Or s’agissant d’un domaine qui touche ici les enfants et dont l’action demeure indispensable pour prolonger les interventions du Département, des collectivités ou de l’Education Nationale à travers l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) ou les Programme de Réussite Educative (PRE), il nous semble important de connaître clairement les perspectives d’amélioration ».

Puis Stéphane Barré s’est fait le porte parole des personnels de santé et des patients des urgences : « Nous savons qu’une partie des difficultés rencontrées résulte de la pénurie de médecins. Mais au-delà, des Maisons de santé et autres pôles médicaux qui sont des premières réponses, comment le PRS envisage-t-il de modifier l’organisation des urgences pour rétablir un accès et une prise en charge satisfaisante des patients et des conditions de travail des professionnels ? ».

Enfin, il a conclu sur la situation des EHPAD : « J’aimerais que nous soit précisée votre position concernant les demandes de création de places supplémentaires en EHPAD. Plusieurs projets seraient actuellement bloqués en attente de l’accord conjoint de l’ARS et du Département. Je pense par exemple à la reconstruction extension de l’EHPAD de Tourville-la-Rivière ou au développement pour conforter l’offre d’accueil pour les séniors et les personnes en situation de handicap à la MAPA du Quesnot à Oissel ».

Beaucoup d’interrogations mais bien peu de réponses concrètes… Par conséquent, Sophie Hervé a tenu à motiver l’avis négatif rendu par son groupe sur ce projet : « Derrière des objectifs ambitieux, encore faut-il compter sur la même ambition en termes de mise en œuvre, de moyens, or de moyens il n’en est ici aucunement question. Cela rend ce projet peu crédible malgré ses bonnes intentions ».

Catherine Depitre, pour le groupe socialiste a fait également part d’un avis défavorable.

Même constat pour Dominique Métot, pour le groupe des indépendants : « Je vous remercie pour le travail technocratique indéniable des équipes de l’ARS, mais les habitants eux ont un peu été oubliés… Et que dire du médico-social ? Presque rien à ce sujet… Le principal problème c’est que le PRS est un cadre, mais sans réel moyen… Votre agence est une identité représentative du gouvernement avec les moyens qu’il lui donne… Les Groupements Hospitaliers de Territoires vous semblent la formule miracle mais comment faire s’ils manquent de tout ? ».

Des interventions qui ont aussi regretté que le plan d’urgence en faveur des EHPAD ne débloque que 2 millions à l’échelle de toute la Seine-Maritime, ou que rien ne soit prévu pour soutenir le secteur de l’aide à domicile alors même que les associations sont au bord de l’implosion.

Des élus, qui à l’exception de ceux de la majorité, ont également soutenu ensemble la nécessité de refuser l’installation de médecins dans des zones géographiques déjà surdotées afin de remédier aux déserts médicaux qui se sont constitués ailleurs.

Pour le groupe communiste du Front de Gauche, Alban Bruneau s’en est pris à la concentration, sur les siège des Groupements Hospitaliers de Territoire, des fonctions supports : « Vous annoncez votre volonté de faire du sur-mesure en fonction des besoins et des réalités de nos différents territoires, or vous centralisez les achats des hôpitaux. Cette centralisation conduit visiblement à des pertes de qualité, notamment en matière alimentaire, à des inadéquations entre les besoins exprimés par les équipes localement et les possibilités d’achat de matériels médicaux et, à l’arrivée, à un coût supplémentaire en raison des tickets d’entrée et commissions versées par les hôpitaux au groupement. Les hôpitaux ne sont plus décideurs en matière de fournisseurs, ils deviennent de simples lieux de livraisons. C’est préjudiciable ». Des propos soutenus par Denis Merville pour la majorité qui, à cette occasion, s’est écartée de la ligne définie par sa collègue Nathalie Lecordier en affirmant que « oui il faut des moyens ».

Séverine Botte a également questionné sur les « aides possibles pour les communes qui décident d’investir dans la création de pôles de santé pour accueillir des professionnels et mutualiser les coûts (secrétariat, téléphonie…) et pour celles qui souhaitent s’engager dans le salariat de médecins ? ».

Les réponses apportées par la Directrice de l’ARS ont laissé la plupart de ces questions en suspens : « La réponse à vos questions n’est pas que capacitaire. Augmenter le nombre de lits à l’hôpital, de places en EHPAD ou en IME ne règlerait pas les enjeux soulevés… Par exemple la situation de la psychiatrie pose la question de l’organisation en amont de l’hospitalisation. Comment mieux prendre en charge l’ambulatoire. Une prise en charge au plus près des patients… La réponse c’est le parcours de soin, pas la logique de places… ».

Concernant la mobilisation des personnels de l’hôpital Janet au Havre, elle a indiqué « attendre que le nouveau directeur du Groupe Hospitalier établisse son projet global, puis l’agence l’accompagnera. La question de l’immobilier (sous entendu des locaux, des places…) sera traitée dans ce cadre ».

La télémédecine a également pris une bonne place dans ses interventions.

Enfin, aux réponses aux questions de Séverine Botte, elle a indiqué que « la porte est ouverte pour étudier tout projet visant à résorber les déficits de médecins, y compris ceux évoqués ».

Une directrice qui s’est engagée à revenir dans un an devant le Conseil et qui est d’accord pour organiser des réunions à l’échelle des cantons, en les regroupant.

Seul le groupe des droites a rendu un avis favorable sur ce PRS.

Pour télécharger l’intervention de Stéphane Barré : 1.03 – SBA – Projet Régional Santé

Sébastien

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