En décembre dernier, le groupe de la Gauche combative, communiste et républicaine a proposé au Conseil départemental de mettre à disposition dans les collèges, des distributeurs de protections périodiques gratuites. Appel entendu, lors de la séance du 22 juin, une expérimentation a été décidée. Elle demeure certes insuffisante, mais c’est concrètement une première avancée comme Séverine Botte l’a souligné…
« Cocorico !!
Pour une fois qu’une proposition portée par notre groupe est entendue, je vais vous faire partager notre plaisir, en espérant qu’elle ne constituera pas l’exception qui confirme la règle en vigueur, trop souvent ici…
Cette délibération vient en effet concrétiser la réponse que vous aviez apportée lors de notre Conseil du mois de décembre, à notre demande de mise à disposition en faveur des collégiennes, de distributeurs de protections menstruelles en libre-service, et d’organisation de campagnes d’informations et de sensibilisation.
Quelle bonne nouvelle, c’est utile et cela répond à un vrai besoin.
Sachant que les protections menstruelles (serviettes, tampons, cups) sont des biens de première nécessité et que nombre de jeunes sont confrontées à de réelles difficultés pour s’en procurer. Et qu’une élève sur six a déjà manqué les cours faute de protections. Nous refusons que la précarité menstruelle mette à mal le bien-être de ces adolescentes et leur estime de soi.
Ce que nous décidons ainsi aujourd’hui avec cette délibération, va dans le bon sens.
Mais alors franchement, pourquoi la jouer aussi petits bras face à un tel enjeu ? Car une vraie problématique ne peut pas attendre des réponses progressives, nous ne comprenons pas….
Pourquoi limiter cette mise à disposition à 22 collèges ? 20 collèges publics sur 109 ? Nous trouvons ça vraiment léger…
Surtout que notre collectivité a largement les moyens pour couvrir l’ensemble des établissements dès la rentrée, nous le constaterons encore lors des délibérations inscrites à ce Conseil sur le bilan budgétaire 2022 et le Budget Supplémentaire 2023.
Disposer de cette distribution, ce ne doit pas être une chance réservée à quelques territoires.
Je comprends la nécessité d’évaluer et le cas échéant d’adapter.
Mais compte tenu que ce dispositif existe déjà dans d’autres départements, il aurait été préférable d’utiliser leur retour d’expérience pour généraliser cette mise à disposition en Seine-Maritime, plutôt que de nous créer notre propre expérimentation sur quelques établissements.
Autres questionnements, en quoi l’ARS serait-elle plus compétente que notre assemblée pour déterminer quels collèges ont plus besoin d’être servis que d’autres ? Une collégienne va pouvoir bénéficier de cette mise à disposition parce qu’elle aurait la chance d’être dans un établissement dont les familles sont statistiquement et collectivement plus démunies que dans d’autres collèges, c’est bien cela ?
Mais alors surtout, puisque vous préférez expérimenter plutôt que de généraliser, que viennent faire les 2 collèges privés dans la « short list » ?
Ce n’est sûrement pas les considérations statistiques de l’ARS qui peuvent l’expliquer. Je vous renvoie à la lecture du rapport de la Cour des comptes sur la mixité sociale.
L’école privée est de plus en plus réservée aux enfants des classes favorisées.
La proportion d’élèves qui sont enfants d’ouvriers ou d’inactifs (milieu défavorisé) est de 42,6% dans le public contre 18,3% dans le privé.
À l’inverse, la proportion d’enfants d’enseignants, de cadres supérieurs, de chefs d’entreprise de 10 salariés ou plus ou dont le représentant exerce une profession libérale (milieu très favorisé) est plus élevée dans le privé (40,1%) que dans le public (19,5%).
La Cour des comptes, sans remettre en cause le rôle de l’enseignement privé, reconnaît une difficulté de mixité et souhaite une modulation des moyens…
Et je rappelle encore une fois au passage que contrairement au secteur public, les collèges privés bénéficient de plusieurs sources de financement.
Donc si généraliser la fourniture de ces protections à tous les établissements aurait pu à la limite s’entendre, je dis bien à la limite parce que de plus en plus vous allez au-delà des obligations légales pour financer le secteur privé.
En revanche, dans le cadre d’une expérimentation réservée aux collèges des foyers les plus défavorisés, les collèges privés n’ont donc rien à y faire.
Dernier point et non des moindres, je souhaite de nouveau dénoncer la dégradation du secteur médical de l’Education Nationale, dégradation que je pense volontairement assumée de la part des derniers gouvernements afin de créer les conditions du transfert de ces services, en l’occurrence vers les départements.
Parce que, bien évidemment, la réponse aux problèmes sanitaires ou d’hygiène, d’accompagnement des élèves en matière de détection et de prévention, repose d’abord sur la présence, à proximité, donc dans les établissements, d’infirmières, de psychologues, de médecins.
Et alors là, bonjour les inégalités et les pénuries.
Nous devons nous mobiliser auprès du gouvernement pour que l’Education Nationale garde l’organisation de la médecine scolaire et réinvestisse dans ce domaine crucial.
Nous voterons évidemment cette délibération mais nous vous invitons expressément à accélérer le mouvement ! »
Pour télécharger l’intervention de Séverine BOTTE : Distributeurs protections périodiques – SB