L’école 42 non reconnue par l’Etat soutenue par le Département ? Sophie Hervé met en garde, la délibération est retirée…

L’école 42 non reconnue par l’Etat soutenue par le Département ? Sophie Hervé met en garde, la délibération est retirée…

Le Conseil départemental du 23 juin était invité à soutenir, notamment par sa désignation en qualité de membre de droit et par une subvention d’investissements attribuée, l’implantation au Havre de l’Ecole 42. Un établissement d’enseignement non reconnu par l’Etat, aux biens curieuses méthodes. Le groupe de la Gauche combative a argumenté pour rejeter cette proposition au nom des principes Républicains et du respect de la constitution. Mais également pour prémunir le Département contre les conséquences possibles de ce soutien…

Sophie Hervé a ainsi développé :

« Nous avons demandé l’examen en séance de cette délibération, pour que chacun soit bien informé, au-delà de la rédaction très promotionnelle de ce rapport, là où on nous propose d’engager notre collectivité départementale.

Car l’école 42 n’est pas agréée par le Ministère de l’enseignement supérieur. Elle ne l’a pas été, même durant la présence aux manettes de la très libérale ministre Vidal, la génitrice de Parcoursup… Et le diplôme que cette école délivre n’est pas non plus reconnu par l’Etat.

L’école 42, c’est un apprentissage sans horaire, 24h sur 24h, 7 jours sur 7 dans un établissement où est encouragée l’ultra concurrence qui pousse parfois les élèves à dormir sur place.

Un apprentissage sans professeur, certes c’est une mesure radicale pour remédier aux difficultés de recrutement d’enseignants mais pas certaine que ce soit un exemple à suivre…

Un apprentissage qui se fait sans cadre défini et avec une auto-évaluation toute subjective entre élèves. Superbe approche toute libérale pour bien préparer le rapport de ces jeunes au monde du travail…

Et je ne vous énonce pas la liste de toutes les dérives constatées et dénoncées. La CNIL l’ayant notamment mise en demeure de cesser ses pratiques de vidéosurveillance excessive, car non seulement les élèves étaient filmés à outrance mais ils pouvaient aussi consulter les images.

Une autre mise en demeure de la CNIL l’a obligé à délivrer des garanties sur l’arrêt du stockage de données personnelles en dehors du cadre légal.

Alors, oui sans doute, cette école permet d’offrir une nouvelle chance et des débouchés à des jeunes en situation de décrochage scolaire, enfin pour ceux qui passent les tests de sélection drastique, et oui sans doute des entreprises sont désireuses de recruter des jeunes issus de ce réseau d’école.

Mais franchement, que vient faire le Département dans la fondation et l’organisation de cette école au Havre ? A moins de venir satisfaire quelques solidarités politiques avec le Maire du Havre et Président de l’agglomération qui à grand renfort d’argent public s’est impliqué dans cette implantation qui a suscité mal de réserves et non pas seulement parmi les élus du Conseil communautaire.

Et j’en viens à une question simple : si demain un collège privé qui n’est pas sous contrat d’association avec l’Etat vient demander au Département de le soutenir, vous lui répondriez quoi après mis le doigt dans un soutien à une école non reconnue par l’Etat ?

En tout cas, et au-delà de ces alertes, il est vraiment grand temps d’arrêter de favoriser le tout privé dans l’enseignement supérieur. Plus ça va plus ce secteur privé bénéficie de soutiens publics, et plus ça va plus le secteur public est sujet aux pénuries et autres manques d’investissements, de places en nombre suffisantes pour répondre aux vocations des jeunes.

Alors je me permets de citer ici, avec une pensée toute particulière aux grands donneurs de leçons républicains qui se sont illustrés par leurs outrances lors de la campagne législative entre les deux tours, le préambule Constitutionnel :

« L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïc à tous les degrés est un devoir de l’État… La nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à la formation professionnelle et à la culture. Le droit à l’éducation est garanti à chacun.

Le droit à l’instruction est un droit fondamental et l’État ne peut se soustraire aux obligations qui en découlent. Le service public d’éducation est un service de l’État dont l’existence est consacrée et protégée par la Constitution. »

J’espère que ces divers éléments soulèveront au moins un débat au sein de notre Conseil à défaut d’un cas de conscience suivie de réaction salutaire… »

Et un long débat a en effet suivi l’intervention de Sophie Hervé, plusieurs élus ayant fait part à leur tour de fortes réserves, notamment dans le financement de 250.000 Euros d’investissements qu’apporterait le Département avec son adhésion.

Un financement apparu, aux yeux de plusieurs élus, comme disproportionné au regard des quelques rares bénéficiaires du RSA qui pourraient espérer intégrer cette école et passer les tests d’admission, puisque c’est à ce titre que la vice-présidente du Département a motivé le soutien départemental. Un nombre de bénéficiaires qui n’était pas même estimé dans le rapport de présentation.

Le groupe de la Gauche combative et le Groupe socialiste ont demandé et obtenu le retrait de cette délibération. Le Président actant que cette adhésion « n’était pas mure ». Un prochain Conseil départemental y reviendra après avoir rassemblé quelques explications et informations très attendues…

Pour visionner l’intervention de Sophie HERVE : Alerte Ecole 42 – Vidéo – SH

Pour visionner la seconde intervention de Sophie HERVE : Alerte Ecole 42 – Vidéo 2 – SH

Pour télécharger l’intervention de Sophie HERVE : Alerte Ecole 42 – SH

Sébastien

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