Aucun débat de politique départemental n’était inscrit à l’ordre du jour du Conseil du 16 juillet, dont l’objet portait essentiellement sur la désignation des représentants du Département au sein de divers organismes et établissements en Seine-Maritime pour le mandat qui débute.
Le groupe de la Gauche combative, communiste et républicaine ne s’y est pas résigné pour autant, et a tenu à s’exprimer par la voix de son président Nicolas Langlois, afin de dénoncer les annonces du Président de la République lundi dernier dans le cadre de la gestion de crise contre la Covid, « car ces décisions sont suffisamment graves et lourdes de conséquences pour que notre assemblée ne reste pas silencieuse et que notre Département ne reste pas inactif ».
Il a alors tenté de lancer le débat : « Alors que des services d’urgence et des cabinets médicaux ferment cet été faute de médecins remplaçants ; Que les personnels soignants exténués attendent toujours, 18 mois après le début de la crise sanitaire, que notre système de santé et plus particulièrement l’hôpital public bénéficie des mesures d’urgence dont à l’évidence il a besoin ; que les EHPAD sont sous tension ; et que cette crise impose de continuer à convaincre et à rassembler pour nous en sortir tous ensemble :
Le Président de la République a choisi, lundi soir, de diviser les Français, d’instaurer ce qu’on pourrait appeler un « tri sélectif » au sein de la population et de culpabiliser les personnels des hôpitaux et des établissements médico-sociaux. A aucun moment, il n’a remis en cause ses options libérales qui ont conduit la France en queue de peloton européen de la vaccination. Ou ses propres erreurs en début d’année quand notre pays a commencé à prendre du retard dans la vaccination. »
Puis Nicolas Langlois a développé le constat et les propositions des élus communistes :
« Nous sommes convaincus que le vaccin est utile pour surmonter cette pandémie, mais nous sommes tout autant convaincus qu’en matière de santé, l’adhésion de chacun demeure indispensable. On ne décrète pas la vaccination, on l’explique, encore et toujours, on la propose.
Nous sommes fermement opposés à toute forme de séparation, d’exclusion, et cela d’autant plus que cette question vaccinale, comme celle de l’accès au soin, est déjà entachée d’inégalités sociales.
La vraie question, ce n’est ni l’obligation vaccinale ou la généralisation du pass sanitaire, la vraie question c’est celle des inégalités d’accès au soin que le Président feint d’ignorer.
Le taux de vaccination est de 15 points inférieurs dans les quartiers populaires et ce n’est pas un hasard. Et qu’en est-il dans la ruralité ? Ce sont plus de 170 000 habitants sans médecin traitant dans notre Département. Combien parmi eux ne sont pas vaccinés, faute de l’accompagnement et des conseils d’un médecin ? Il y a un lien très certainement entre les deux.
Nous l’avons dit et répété, dès le début de cette crise, les moyens mobilisés en faveur de l’hôpital public et des EHPAD auraient dû être décuplés, tout comme le recrutement massif d’infirmières.
En cette rentrée, ce Président décidément hors sol, annonce d’ailleurs la vaccination dans les collèges et lycées, alors même que depuis des années les professionnels alertent sur la baisse constante des effectifs des infirmières et médecins scolaires. Un service dépendant de l’Education Nationale que le gouvernement veut fermer pour cause de transfert auprès des ARS.
Nous l’avons dit et répété, dès le début de la vaccination, et en complément des grands vaccinodromes, la logique de proximité devait être respectée. Trouver réponse à ses questions et disposer d’une offre vaccinale au plus près de son lieu de vie, combien de maires ont porté cette préoccupation, ignorée trop longtemps par le ministère de la santé ?
Convaincre, ce serait aussi le rôle d’ambassadeurs, de personnalités appréciées et reconnues de nos concitoyens et en qui ils ont confiance, je souligne ce mot car c’est bien de confiance dont il s’agit. Quand beaucoup doutent de la parole présidentielle, il faut que d’autres que lui s’engagent pour parler, avec des mots vrais, de vaccination.
Une solution qui doit être organisée à l’échelle des territoires de santé, avec tous les professionnels du soin, les élus, et puis les organisations syndicales, les chefs d’entreprise pour aller à la rencontre des salariés sur leur lieu de travail.
Une solution pour laquelle notre Département enfin doit prendre sa part, toute sa part, en travaillant avec les médecins de PMI, les travailleurs sociaux.
La mise en place de la vaccination dans les collèges doit se préparer dès aujourd’hui ! »…
Mais le débat n’a pu avoir lieu, les autres groupes du Conseil départemental ne souhaitant pas s’exprimer, le Président s’est engagé à ce que les débats soient de retour… en octobre prochain lors du prochain Conseil départemental.
Pour visionner l’intervention de Nicolas Langlois : Annonces Macron pass Sanitaire – vidéo