La décision du groupe La Poste de fermer massivement des bureaux de poste en Seine-Maritime a été retenue comme thème d’intervention pour la partie du débat de politique départemental initié par le groupe communiste du Front de Gauche lors du Conseil départemental du 28 mars.
Après avoir rappelé que « tous les services publics se situent largement au-dessus de la moyenne de satisfaction des Français » et que « cet intérêt national envers les services publics tranche singulièrement avec les projets les plus sombres portés par les libéraux », Hubert Wulfranc a dénoncé leurs projets se situant « à contre-pieds des attentes des Français : poursuite de la diminution des moyens dédiés aux collectivités locales, réduction drastique du nombre de fonctionnaires, privatisation accélérée des services publics jugés comme potentiellement juteux, réduction de leur financement puisque réduction des impôts et des diverses formes de contributions collectives… ».
Pour illustrer son propos Hubert Wulfranc s’est arrêté sur le service public postal car « sur ce terrain-là, chacun de nous ici a le moyen d’agir et de peser. Et par conséquent de mettre ses actes en cohérence avec ses déclarations. Car c’est bien beau de se fendre d’un courrier de protestation quand dans sa commune ou son canton, La Poste vient fermer son bureau ou réduire ses moyens, mais cette fois, sur le programme de fermetures de bureaux de poste en Seine-Maritime concocté par le Direction départementale du groupe vous avez, nous avons tous, le pouvoir et le devoir de nous y opposer à travers la Commission départementale de présence postale territoriale »
Et de rappeler que « les mesures prises par la direction des postes en Seine-Maritime visent à fermer massivement des bureaux de poste au profit de Relais Postaux chez des commerçants. En résumé : de l’argent public versé pour privatiser une partie du réseau postal de proximité ! ».
Considérant que « le nombre de fermetures de bureaux de poste annoncées ou envisagées par la direction départementale en Seine-Maritime n’est pas compatible avec les missions de service public assignées à ce groupe ; Missions de services publics qui motivent l’agent public engagé et dont cette commission se doit d’exercer son devoir de contrôle » et considérant « les très nombreuses mobilisations des usagers et des élus locaux en réaction aux diverses annonces de fermeture de bureaux de poste », Hubert Wulfranc a mis en garde : « Je pense que nos concitoyens n’admettront pas que de l’argent public vienne financer des fermetures de bureaux de poste ».
Puis il a lancé un appel à ses collègues : « Nous attendons donc par mon propos ce matin un soutien unanime des élus siégeant au sein de cette commission pour aller dans le même sens. Un soutien qui pourrait prendre la forme d’une intervention de vous-même Monsieur le Président au nom de tous les groupes ici pour obtenir de la direction de La Poste un moratoire sur toutes les fermetures envisagées jusqu’en 2019 ».
Pour la Droite, Jean-Louis Rousselin a commencé par rendre hommage à la constance des élus communistes : « Nos collègues communistes ont toujours été très mobilisés pour défendre le service public postal ». Mais cet hommage débouchait sur une caricature de leurs positions : « Ils sont attachés à La Poste avec un postulat : que rien ne change. Or aujourd’hui les facteurs ne font plus leurs tournées à cheval, ni même en 4L jaune, ils ne viennent plus prendre un petit coup de rouge chez vous, ils apportent des médicaments, proposent des services bancaires, des assurances, à l’heure du numérique nous recevons nos factures par Internet… Le groupe La Poste a réussi une mutation industrielle colossale et nous avons su l’accompagner dans ses mutations… La Poste s’est diversifiée et elle garantit un point postal à moins de 5 km ou de 20 minutes de tout domicile… Et oui pour cela, elle a mutualisé sa présence, à travers les agences postales communales ou chez les commerçants. Cela permet notamment d’aller chercher son colis à 22h quand les bureaux de poste ferment à 17h00 ».
Une démonstration s’achevant par des félicitations décernées à la direction de La Poste et un refus de s’associer aux démarches proposées par le groupe communiste.
En l’absence de mot sur les rangs du groupe socialiste, Hubert Wulfranc a répondu à son seul interlocuteur, non sans humour, tournant à la dérision la posture de son collègue : « Vous nous renvoyez au XIXe siècle, vous êtes bien dans le texte, mais pas dans la vie des gens Monsieur Rousselin… Un bureau à 5 km ou à 20 minutes : mais c’est long ou c’est loin dans la vie des gens, notamment des personnes âgées Monsieur Rousselin. Pour une grand-mère en super forme et roulant en Jaguar ce n’est rien, mais la vie des gens Monsieur Rousselin ce n’est pas cela… ».
Et de poursuivre sur le même ton : « Vous vantez les services diversifiés : passer le permis de conduire, distribuer des médicaments, vendre des téléphones, des assurances, certes, mais le courrier dans tout cela Monsieur Rousselin ? On parle bien du service public postal ?… C’est en vogue dans certains milieux, tout le monde doit savoir tout faire, tout le monde doit être omni-salarié, être malléable à merci. Mais ce n’est pas la vie des gens ça Monsieur Rousselin, ce n’est même pas ce que l’on peut espérer comme vie pour les gens Monsieur Rousselin…
Vous savez, les tournées de facteur ça existent toujours Monsieur Rousselin et elles sont plus longues qu’avant. Et vous savez pourquoi Monsieur Rousselin ? Parce qu’il y a eu plein de suppressions de postes. Le courrier ça existe toujours Monsieur Rousselin… Alors vous avez trouvé la solution miracle : le courrier dans les commerces. Mais dans quels commerces Monsieur Rousselin ? Dans les commerces de proximité ? Vous en connaissez beaucoup ouverts jusqu’à 22 heures ? Ce n’est pas la vie des gens ça Monsieur Rousselin.
Ou encore le courrier dans des bureaux payés par les communes. Mais là, il faut un peu de cohérence Monsieur Rousselin. Il y a quelques minutes vous pleuriez tous sur la baisse des moyens des communes et là vous êtes prêts à tout payer à la place de La Poste : les locaux, l’électricité, c’est tout juste si vous ne voulez pas payer la moitié des salaires ! ».
Et de conclure, « Nous n’avons jamais dit que nous ne voulions rien changer, nous voulons au contraire tout changer ! Mais pour que La Poste change, positivement j’entends, qu’elle commence d’abord par bien faire son cœur de métier, celui est qui attendu par les gens. Et si vous pensez que les gens attendent autre chose que cela, je vous laisse la pleine responsabilité de vos propos… ».
Pour télécharger l’intervention d’Hubert Wulfranc : DPD – Final