Débat de politique départementale du 2 février : le Front de Gauche dénonce les jeux de rôle !

Débat de politique départementale du 2 février : le Front de Gauche dénonce les jeux de rôle !

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La séance du Conseil départemental du 2 février s’est ouverte par le traditionnel débat de politique départementale dont le maintien avait été obtenu en début de mandat par le groupe communiste, Front de Gauche.

La Droite a lancé le débat en fustigeant le plan de lutte contre le chômage annoncé récemment par le Président de la République, le réduisant à de « simples effets d’annonce non financés, de courte vue… des mesurettes cosmétiques » avant de revenir sur la progression du nombre de demandeurs d’emploi et de la pauvreté en Seine-Maritime. Le reste de l’intervention s’est transformé en plaidoyer en faveur des propositions du MEDEF et de réquisitoire contre les 35 heures, se réjouissant au passage que « le gouvernement en vienne progressivement à des mesures que nous proposons depuis longtemps », tout en regrettant que cela arrive « bien tardivement ».

L’occasion pour Didier Marie (PS) de défendre l’action du gouvernement et d’appeler à se « rassembler » contre le chômage plutôt que de prendre « en otage » les privés d’emploi. Se croyant bon d’énumérer toutes les mesures prises en faveur des entreprises pour justifier la politique suivie pour lutter contre le chômage, il a invité chacun à « plus de responsabilité », ajoutant que l’augmentation du chômage serait également due à la démographie dynamique de la France !!

Hubert Wulfranc pour le groupe communiste, Front de Gauche, a rebondi sur cette intervention pour constater « qu’en effet le chômage rassemble aujourd’hui, il rassemble pour l’aggraver ! » avant « d’énoncer pour les dénoncer » les mesures en cause : « euthanasie programmée des 35 heures, réforme du contrat de travail et du code du travail (…) témoignent en effet d’un rassemblement mais surement pas celui que les salariés et les privés d’emploi attentent ». Ironisant sur le fait que « la Droite se plaint finalement que le gouvernement n’avance pas suffisamment vite sur ses propres propositions » il a appelé à une autre politique « de toute urgence ! ».

Pour le deuxième débat de la matinée à l’initiative du groupe des indépendants, Dominique Métot s’est félicité de la suppression des Contrats de Proximité et de Solidarité et du 276, « dispositifs trop complexes », avant de s’inquiéter des nouveaux critères envisagés par la majorité en matière de soutiens destinés au bloc communal. Des nouveaux critères risquant de conduire à un « désengagement des zones les plus peuplées en faveur des zones rurales ».

La Droite, par la voix de Blandine Lefebvre, a justifié « la refonte engagée des dispositifs avec pour objectif un recentrage des aides en raison des difficultés financières et de la dette abyssale du Département… Il convient également d’aller vers plus de simplification et de concertation, les élus locaux ne devant plus rentrer dans des cases pour obtenir un soutien départemental ». Le groupe socialiste avait alors beau jeu de rappeler que les dispositifs supprimés, dont il a donné la liste, « répondaient justement à un souci de répartition équitable et transparente de l’aide Départementale en faveur des communes et intercommunalités ».

Hubert Wulfranc a tenu pour sa part à préciser, en faisant allusion à la célèbre phrase de David Vincent que « le cauchemar a déjà commencé !! » en matière d’équité, citant la prochaine modification du calcul des subventions versées par le Département et appelée modulation :

« La modulation : c’est doux comme une mélodie, le réveil sera pourtant brutal pour certaines associations et communes ! Car elle consiste à tenir compte des ratios comptables des collectivités locales plutôt que de la richesse de ses habitants. En clair, les subventions départementales serviront en priorité les territoires dont les populations sont les plus favorisées. Une belle mesure de Droite ! Ce n’est pas une mesure de justice mais une mesure d’iniquité. Les communes ou intercommunalités ayant une population pauvre vont encore être défavorisées alors que des communes résidentielles avec une faible activité économique et sociale, mais avec une population aisée, seront les grandes gagnantes de cette modulation ».

Le troisième débat fut ouvert par Hubert Wulfranc sur le thème : « l’Assemblée des Départements de France et le Département de Seine Maritime en guerre contre le Gouvernement ? De la parole aux actes… ». Partant du constat de « leur incapacité à régler les problèmes auxquels notre société est confrontée depuis des années, sous le coup de l’urgence sociale frappant une majorité de nos concitoyens, les pensionnés du pouvoir, ceux d’aujourd’hui comme ceux d’hier qui s’y verraient bien y retourner demain, font diversion pour masquer leurs propres compromissions, bien qu’ils partagent globalement la même feuille de route libérale ».

 Prenant l’exemple de l’Association des Départements de France dominée aujourd’hui par la Droite « qui multiplie les coups de menton médiatique pour marquer son opposition au Gouvernement sur la question du financement des allocations individuelles de solidarité et en particulier du RSA » il a raillé « le simple jeu de rôle » auquel se livrent le PS et la Droite selon qui est au gouvernement et qui est dans l’opposition : « Or loin de ces coups de menton, et des propos guerriers contre l’austérité imposée par le Gouvernement, c’est un repli austéritaire assumé qu’organise la droite et ce, en totale osmose avec la politique gouvernementale des Valls, Macron, Sapin et Lebranchu. A ce titre, permettez-moi de vous illustrer cette osmose idéologique et politique ». Et de développer les exemples sur la dégressivité de l’indemnisation du chômage, le code du travail, les 35 heures, les licenciements ou encore les accords d’entreprise « là où la pression patronale est la plus forte ».

Fustigeant cette « course à l’échalote de l’austérité », Hubert Wulfranc a appelé à un changement de cap porté par les élus communistes : « lutter contre le chômage, ce n’est pas faciliter les licenciements ou accorder des cadeaux au patronat dans l’espoir d’hypothétiques embauches. C’est d’abord défendre l’économie française sur tous les fronts par une intervention forte de l’Etat : pour construire une politique portuaire et maritime, pour un développement du transport ferroviaire, pour une politique agricole basée sur la proximité, pour une politique de réindustrialisation, une politique du raffinage, une politique de relocalisation ».

Poursuivant en dénonçant « cette accointance idéologique et politique entre le gouvernement et la Droite », Hubert Wulfranc a souligné que lutter contre le chômage, c’est aussi « mettre en échec, en frappant là où ça fait mal, c’est-à-dire sur leurs comptes en banque, les dirigeants d’entreprise et actionnaires qui licencient abusivement. A ce titre, je me permets de vous rappeler que les parlementaires communistes ont soumis en 2013 une proposition de loi visant à interdire les licenciements boursiers ainsi que les licenciements abusifs. Lutter pour l’emploi, c’est aussi encourager la reprise d’entreprise par ses salariés ou encore la commande publique et notamment avoir le droit de favoriser celles qui misent sur l’emploi local, sur la production locale ».

Et de conclure que « déplorer ou dénoncer ne suffit pas. Il faut agir et aller chercher l’argent là où il se trouve, par exemple en ouvrant le chantier d’une véritable réforme de la fiscalité qui mettrait davantage à contribution les produits financiers et les bénéfices, ou autres plus-values, qui s’exonèrent très largement aujourd’hui de la solidarité nationale via de savants montages financiers et fiscaux tolérés par nos lois nationales ».

Agnès Firmin Le Bodo, pour la Droite, s’est « défendue d’être en guerre contre qui que ce soit, juste une démarche pragmatique : simplifier le mille-feuille, en revenir à la notion de juste droit en matière d’aide sociale et obtenir de l’Etat la compensation des allocations de solidarité », avant de dérouler la feuille de route que s’est fixée la majorité départementale.

Hubert Wulfranc a tenu à remercier sa collègue pour sa « réponse technique » tout en lui faisant remarquer qu’il s’agissait de sa part « d’une interpellation politique ». Puis d’ajouter : « j’invite nos contradicteurs à plus de clarté. J’aimerais entendre : oui au nom de la liberté nous assumons le choix de laisser les chefs d’entreprise faire ce qu’ils veulent… oui entre Macron et nous il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de cigarette ! ». Des précisions qui auront visiblement laissé le groupe socialiste sans voix puisqu’aucun de ses membres n’est intervenu dans ce débat.

Pour le dernier débat de la matinée à l’initiative du groupe socialiste, Nicolas Rouly a dressé le premier bilan de la majorité départementale en la plaçant devant ses contradictions et en rappelant celui de la précédente mandature. Concluant que l’équation à laquelle est soumise la majorité « ne relève pas des mathématiques mais de la magie », il a dénoncé son GPS : « un GPS qui n’est pas un Grand Projet Seinomarin mais une Grave Panne Sociale ». Une feuille route qu’il a résumé en deux mots : «Artifice et Sacrifice ». « Une leçon d’autosatisfaction » pour le Président Martin qui a rappelé au groupe socialiste le résultat et les enseignements à tirer des dernières élections avant de refermer le débat. Un débat matinal qui tourna au théâtre lorsque Marie Le Vern voulant répliquer à la Droite en citant du Molière s’est emmêlée les pieds dans les vers.

Pour télécharger l’intervention complète d’Hubert Wulfranc : Intervention DPD février 2016

Sébastien

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