A l’occasion de la présentation par le Directeur de l’Agence Régionale de Santé Normandie (ARS), devant le Conseil départemental du 12 octobre, du nouveau Projet Régional de Santé (PRS), Alban Bruneau l’a alerté sur les conséquences de la pollution industrielle sur la santé des populations et l’environnement, regrettant que cette problématique soit peu présente dans le Projet Régional.
« Monsieur le Directeur régional,
Je souhaite m’arrêter sur le défi de la transition écologique constituant l’enjeu régional n°5 du projet régional, et en particulier sur la question de la pollution notamment celle résultante des activités industrielles, et de ses conséquences sur la santé.
Le rapport le rappelle, 20% de la population de l’agglomération havraise est exposée à un niveau de pollution maximale, et il souligne également les données nationales relatives à la pollution de l’air en termes de décès prématurés, de pathologies respiratoires et de coût sanitaire pour la société.
Mais, et cela ne me surprend pas, il n’est pas fait état de données locales sur ces conséquences. Raison pour laquelle je plaide pour la création d’un Observatoire Santé Environnement sur l’estuaire de la Seine.
Je sais que cette décision n’appartient pas à l’ARS, cependant la constitution d’un tel outil qui a fait ses preuves sur d’autres territoires du pays, pourrait être encouragé par l’Agence Régionale de Santé et affiché dans ce nouveau PRS.
Il y a deux semaines, un incident industriel sur la raffinerie de Normandie a généré un important panache de fumée noire qui a, durant plusieurs heures, affecté la qualité de l’air.
ATMO Normandie a publié en temps réel ses relevés qui ont fait état d’une hausse modérée des concentrations de particules en suspension dans l’air, hausse toutefois en dessous des seuils réglementaires.
Et donc aucune préconisation n’a été édictée envers les populations qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ont fait massivement état de leur crédulité et de leur incompréhension.
Travaillant régulièrement avec ATMO, je sais qu’elle a agi et avec son sérieux habituel selon les protocoles en vigueur, mais ce que je retiens c’est un décalage de plus en plus grand entre les données dont nous disposons et le ressenti des habitants.
Pendant cette pollution et le lendemain, de nombreux témoignages ont fait état de gênes respiratoires et d’hospitalisation. Deux semaines après, nous n’avons aucune donnée nous permettant de mesurer réellement l’impact que cette pollution a entrainé sur les populations.
Le projet préconise de réduire les expositions liées à la qualité de l’air et annonce une série d’actions prioritaires à engager pour mieux informer le grand public, développer les compétences des jeunes en santé-environnement en milieu scolaire, j’y souscris donc mais en invitant ce projet à aller beaucoup plus loin.
Plus loin sur l’information, et surtout plus loin sur la connaissance. Car la spécificité des bassins industriels, de leurs polluants et de leur impact sur la santé, est très peu prise en compte notamment sur les mesures de la qualité de l’air, mais aussi des sols et de l’eau.
Or en Seine-Maritime, nous disposons presque en continue le long de la Seine, de trois zones industrielles majeures.
Je prends notamment l’exemple emblématique des PFAS, ces polluants éternels présents dans notre quotidien aux effets suspectés voire avérés sur la santé.
Vous avez sans doute pris connaissance de l’enquête menée par des journalistes d’investigation et des scientifiques dans le cadre de la série de reportages « Vert de rage » sur France 5 concernant les PFAS sur l’agglomération lyonnaise, dont les caractéristiques industrielles sont proches de celle du Havre.
S’appuyant sur le règlement européen qui vise à supprimer progressivement les substances chimiques les plus dangereuses, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable, l’IGEDD, considère comme prioritaire une meilleure information du public, une évaluation des risques liés aux PFAS et un renforcement de la réglementation nationale des émissions industrielles.
Dans ses préconisations figurent l’amélioration des connaissances sur les conséquences des PFAS, et de l’information, l’adaptation des dispositifs de surveillance et d’identification des risques, et l’évolution des outils réglementaires.
Des préconisations que l’association nationale des communes pour la maîtrise des risques technologiques, AMARIS, a repris à son compte.
Or je constate que ce projet régional de santé ne s’en saisie pas. Il y a pourtant me semble-t-il urgence à agir sur ce sujet majeur. A peine venons-nous de les découvrir que ces PFAS sont partout et en grandes quantités, dans l’air, l’eau, les sols.«
Dans sa réponse, le Direction régional de l’ARS a notamment confirmé son intérêt pour la création d’un Observatoire Santé Environnement sur l’Estuaire de la Seine. Sujet à suivre de près donc…
Pour télécharger l’intervention d’Alban BRUNEAU : PRS pollution 2023 2028 – AB