Orientations budgétaires : et pour la jeunesse ?! Questionnent Sophie Hervé et Christine Morel qui proposent d’expérimenter un revenu universel

Orientations budgétaires : et pour la jeunesse ?! Questionnent Sophie Hervé et Christine Morel qui proposent d’expérimenter un revenu universel

Dans le cadre du débat d’orientations budgétaires organisé en Conseil départemental du 3 février, Sophie HERVE et Christine MOREL, sont longuement revenues sur les difficultés rencontrées par les jeunes. Elles ont regretté que le Département ne s’engagent pas davantage pour soutenir leurs besoins et ont proposé d’expérimenté en Seine-Maritime le déploiement d’un Revenu minimum pour les jeunes, d’autres départements ayant compris cette nécessité face à un gouvernement qui n’entend rien sur ce terrain… comme sur tant d’autres !

« Je souhaite intervenir sur la situation des jeunes, et plus particulièrement celles et ceux qui sont dans l’angle mort de nos politiques publiques, volontairement selon l’orientation politique, involontairement selon la justesse des dispositifs qu’elles engendrent face à la situation que ces jeunes traversent.

La crise sanitaire a de fait renforcé la fragilité de ce public, notamment parce qu’elle a multiplié la diversité de leurs situations en augmentant leur précarisation. Elle a également abaissé l’âge auquel les difficultés apparaissent et s’enchevêtrent.

Toutes ces jeunes adultes représentent une masse invisible pour nos administrations, pour notre société. Qu’ils soient bénéficiaires du Revenu de solidarité active, en difficulté d’insertion professionnelle, ou plus jeune encore, en dessous des 25 ans requis pour le RSA, sans ressources humaines ou financières pour effectuer les démarches nécessaires à leur insertion sociale et professionnelles, que leur propose-t-on aujourd’hui ? Comment les regarde-t-on ? Quelles représentations commandent à nos actions ?

Aujourd’hui, lorsqu’elles existent malgré les inflexions néolibérales qui les dominent, nos politiques sociales ne semblent pas être à la hauteur de l’enjeu. Non seulement elles ne vont pas vers la jeunesse et ses réalités, mais elles ne tiennent pas compte non plus de l’accélération des changements d’état qui la traverse.

Cette accélération des situations individuelles et collectives, comme par exemple, l’enchainement de petits boulots précaires, de stages, de formations courtes, pour ne parler que de la dimension professionnelle, rend la vie des jeunes toujours plus instable, mobile, glissante et les fragilisent d’autant plus, lorsqu’ils sont confrontés aux regards des plus âgés, qui trop souvent  sont enfermés dans des représentations trop conservatrices et moralisantes où la faculté à travailler prime sur le droit d’exister

Le non recours aux droits, à la santé, aux dispositifs divers et variés en est une conséquence édifiante et terrifiante parce qu’elle abandonne une partie de notre avenir.

L’IRES, l’Institut de Recherches Economiques et Sociales, a publié en 2018 une étude très pertinente mais non moins inquiétante consacrée à cette jeunesse qui vit désormais sous tous les radars, dans la plus grande précarité.

A l’évidence, la situation s’est encore et probablement fortement dégradé depuis.

Les jeunes en emploi ne représentaient avant cette crise que 33% des moins de 25 ans, et encore avec un revenu moyen dérisoire de 625 Euros net par mois !

51% étaient en études ou en formation, en comptant d’abord sur la solidarité familiale pour subvenir à leurs besoins. Mais encore faut-il qu’elle puisse pécuniairement s’exprimer. A défaut se sont les petits boulots, la grande précarité, les économies sur tout puisqu’ils n’ont quasiment rien à l’exception, pour les étudiants des bourses souvent insuffisantes pour subvenir à tout.

Et 16% des moins de 25 ans, pour le coup étaient sans emploi, ni formation.

Je ne souhaite pas laisser dans l’ombre ceux qui n’apparaissent pas non plus dans les statistiques.

Il s’agit de ces jeunes qui trouvent refuge dans l’économie souterraine.. Je parle de jeunes filles qui ne pensent plus avoir d’autres alternatives que celle qui consiste à être payée pour pratiquer des actes sexuels, la plupart du temps à peine consentis. Je parle de jeunes qui abandonnent trop tôt le chemin du collège ou du lycée pour emprunter celui de la délinquance.

Des responsables démunis se retournent vers nous, les maires, pour mettre en place des accompagnements souvent dérisoire ? Comment peut-on répondre à l’angoisse des parents qui perdent le lien avec leurs enfants ? Car ce sont bien des questions de moyens qui sont au cœur de ces problématiques inacceptables.

Comment dans ces conditions refuser de manière dogmatique d’engager une vraie réforme sociétale visant à permettre à chaque jeune d’accéder à une réelle stabilité qui leur permette d’être autonome et de jouir ainsi pleinement de leurs droits.

Vrai revenu universel, aide mensuelle adossée aux ressources dont disposent chaque jeune ou encore dans un premier temps au moins extension du droit au RSA pour les moins de 25 ans, les pistes concrètes existent il faut s’en saisir.

Et notre Département a un rôle actif à jouer dans ce domaine, au-delà des dispositifs spécifiques qu’il porte. Car là je parle d’expérimenter un dispositif global.

Ne pourrait-on pas imaginer un revenu de base utilisant les mêmes critères que ceux des bourses de l’enseignement supérieur, donc conditionnés aux revenus de la famille dès lors qu’elle réside en Seine-Maritime ?

Potentiellement, il concernait nationalement près de 2 millions de personnes pour un coût, moi je dirai plutôt pour un investissement humain, de 7 à 10 Milliards.

Nouvellement élue dans cette assemblée et très investie de longue date dans tous les secteurs touchant la jeunesse, de l’éducation, au logement, à l’emploi, je reste sur ma faim en lisant ce document d’orientation du premier budget de notre mandature.

Je vois certes des choses pour notre jeunesse, celle qui ne pose pas de problème, celle qui est montée dans le bon wagon à la naissance. Mais où se trouve l’ambition collective, politique et sociétale qu’elle mérite et qu’elle est en droit d’attendre de notre société et de ses institutions, à commencer par le Département.

Nous sommes responsables de la dégradation mortifère de l’environnement, des ressources naturelles, nous sommes responsables d’une économie qui ne protège plus et n’ouvre plus de perspective sereine, et nous sommes responsables de la précarité subie par bien trop de nos jeunes.

Il faut agir fortement et commençons à le faire à partir de notre Département. »

Pour visionner l’intervention de Sophie HERVE : DOB jeunesse vidéo – SH

Pour télécharger l’intervention de Christine MOREL et Sophie HERVE : DOB jeunesse – SH/CM

Sébastien

Les commentaires sont fermés.