C’est la proposition formulée par le groupe des élus Verts au Conseil département de Seine-Maritime, lors de la séance du 30 septembre, 15 départements s’étant d’ores et déjà engagés dans cette voie. D’accord ont répondu les élus de la Gauche combative, communiste et républicaine, mais sous certaines conditions en particulier son niveau qui ne devrait pas se situer en dessous du seuil de pauvreté (*). Les élus socialistes ont également soutenu. En revanche, ceux des Droites et leurs deux soutiens du canton de Bolbec, ont catégoriquement refusé, pour des raisons idéologiques, de dissocier la notion de revenu, à la notion de travail : « nous considérons que le revenu ne peut pas être détaché du travail »…
Extrait de l’intervention de Sophie HERVE,
au nom du groupe de la Gauche combative, communiste et républicaine au Département.
« Nous sommes convaincus que les urgences écologiques qui nous font face, et qui appellent des réponses à la hauteur des enjeux, donc de l’audace, du courage politique, doivent s’accompagner de décisions fortes pour répondre aux urgences sociales.
Les crises environnementale et sociale proviennent des mêmes modèles et ont besoin des mêmes solutions. Une intervention publique forte et contraignante avec une refonte de notre modèle de société pour contrer le néolibéralisme qui fait mal aux êtres humains comme à l’environnement. Bref, fin du monde et fin du mois, même combat.
Garantir un revenu universel à tous les citoyens, pas un revenu minimalisé pour tenter de survivre à un niveau largement inférieur au seuil de pauvreté, mais bien un revenu pour vivre décemment, va dans ce sens.
Appelons-le comme on veut, trouvons les bons mécanismes, mais gardons ce cap : pas un jeune, pas un adulte, pas un sénior avec un revenu garanti en dessous du seuil de pauvreté. Sans exception.
C’est non seulement possible, mais c’est un devoir sociétal, surtout dans un pays qui figure parmi les plus riches au monde et dont les richesses vont croissantes d’année en année, même en période de crise grave comme en 2008 ou maintenant.
Alors en effet, il va falloir inventer des solutions nouvelles, il est grand temps de changer non pas simplement de logiciel mais bien de braquet. L’idée du Revenu universel répond à cette nécessité.
Enfin, pour être plus précise, nous évoquons ici un vrai revenu et universel. Pas un habillage de l’existant pour chercher au passage à réduire ou à supprimer des allocations. Pour en finir avec la pauvreté, il faut s’attaquer aux inégalités. L’instauration d’un véritable Revenu universel va dans le bon sens. Et les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire font accélérer ces réflexions. Au point que 15 présidents de Département veulent pouvoir l’expérimenter. Nous proposons donc de nous y joindre.
Bien sûr, comme pour les congés payés avant-guerre, la Sécu à la libération, le RMI en 1988, les 35 heures à la fin du 20ème siècle, et j’en passe, il va falloir vaincre quelques idées reçues et les conservatismes chez certains.
Et comment on finance ? Par la répartition des richesses tirées de l’économie et chacun sait qu’il y a de la marge, « du grain à moudre » comme disait l’autre.
Quelques pistes ?
- Financé par les 500 plus grosses fortunes européennes, la France est largement en tête avec un total de 354,3 Milliards… comme quoi contrairement à une idée reçue, la fiscalité Française ne favorise pas l’évasion fiscale ou les cessions patrimoniales…
- Peut-être financé par les 500 plus grosses fortunes de France cumulent désormais 1.000 milliards d’euros de patrimoine… Si le SMIC avait progressé dans les mêmes proportions, il serait aujourd’hui à 4.805 Euros net par mois !
- Ou peut-être par les grandes multinationales qui ont réalisé un record avec 60 milliards d’euros de profits cumulés en un semestre… Comme l’étude OXFAM l’a souligné plus de 60% des bénéfices des entreprises du CAC40 sont versés aux actionnaires.
- Ou financé par le recouvrement de la perte de recettes fiscales en France liée à l’évasion fiscale pratiquée par des multinationales et qui s’élève à 15,4 Milliards. 40% des bénéfices des multinationales sont transférés dans des paradis fiscaux.
Au même titre que l’augmentation généralisée des salaires, que le retour à une retraite pleine et entière à 60 ans ou que la baisse du temps de travail hebdomadaire, la création d’un Revenu universel permet d’aboutir à un nouveau pacte social, dans le monde d’après débarrassé de la misère.
Et financé en rectifiant les abus du monde actuel.
Pour télécharger l’intervention prononcée par Sophie HERVE en séance : Revenu Universel – SH
(*) Le seuil de pauvreté est calculé par l’INSEE en référence au niveau de vie médian, il était établi à 1.063 Euros pour une personne seule. 9,3 Millions de Français vivent en dessous. Et quand on interroge l’ensemble des Français, ils considèrent qu’une personne est pauvre si son revenu est inférieur à 1.228 Euros net par mois. C’est ce que l’on appelle le seuil de pauvreté subjectif. Le SMIC net est quant à lui fixé à 1.231 Euros net.
Pour notre Département, nous savons que plus de 10% des seinomarins vivent en dessous du seuil de pauvreté, 33% chez jeunes de 16 à 25 ans et encore ce chiffre a été communiqué au Conseil départemental le 10 décembre 2018 avant la crise donc.