La fusion de Seine-Maritime Expansion, du Comité Départemental du Tourisme et de l’Agence Technique Départementale regroupés au sein d’une seule entité au service du développement local, inscrite à l’ordre du jour du Conseil départemental du 4 octobre, n’a pas appelé de réserve de principe de la part du groupe communiste et républicain du Front de Gauche, comme Jean-Paul Lecoq l’a précisé, « tant qu’elle ne vient pas masquer au passage des économies de moyens ».
Rappelant la vigilance à porter au soutien et l’accompagnement des communes, il a axé son intervention sur les missions assignées à cette nouvelle structure : « Non pas que ces orientations me déplaisent, plutôt parce qu’il en manque une, essentielle : l’intervention de la puissance publique dans l’économie. Or, rien là-dessus, comme si vous vous étiez résignés à agir que sur les conséquences d’une situation économique qui se dégrade, une situation qui serait une sorte de fatalité sous prétexte que l’outil de travail appartient à ceux qui mobilisent les capitaux. C’est oublier trop vite que ces activités et les bénéfices qu’elles génèrent sont aussi la résultante de politiques publiques comme des savoir-faire de ses salariés ».
Poursuivant, il a mis en lumière que « le Département va soutenir le tourisme, faire du marketing, de la promotion, soutenir les PME. C’est bien, mais croyez-vous que cela suffise ? Tout le monde veut faire de l’économie et au final tout le monde fait des économies pendant que les bénéfices et les richesses explosent.
Tout le monde veut agir en faveur de l’emploi et au final personne ne bouge pour s’opposer aux destructions d’emplois. C’est bien gentil de vouloir aider les entreprises à créer des emplois en les sponsorisant avec de l’argent public comme le fait le gouvernement et comme le préconisent ceux qui demain s’y voient déjà, mais il faudrait commencer par s’opposer aux fermetures abusives d’entreprises et aux plans de licenciement ».
Avant de prolonger son propos : « constater comme le fait le rapport que notre département se doit de « gagner en attractivité au regard de sa population stagnante et de l’installation durable de la crise économique et sociale », passe d’abord par la sauvegarde puis l’expansion des activités économiques existantes, dans le domaine industriel notamment. Si vous pensez un seul instant que l’encouragement au développement, du reste utile, des start-ups, commerçants, artisans et TPE est de nature à compenser les pertes d’emploi de nos industries, vous êtes loin du compte. D’autant que nombre de petites entreprises sont dépendantes de la vitalité de notre tissu industriel, de ses commandes ».
Jean-Paul Lecoq a donc demandé à ce que « dans les objectifs assignés à cette nouvelle organisation soit clairement indiqué le soutien aux emplois et activités industrielles. Je préconise d’ailleurs que cette agence soit chargée d’étudier systématiquement les situations des entreprises menacées et des plans sociaux annoncés afin de rechercher des alternatives à ces fermetures et à ces destructions d’emploi. Notamment en faisant appel et en favorisant la reprise d’activité par les salariés eux-mêmes. Il serait bon également que cette agence se penche sur la situation des travailleurs détachés dont le recours par certaines entreprises pour remporter des marchés publics cache à la fois des destructions d’emploi localement mais aussi des conditions de vie et d’hébergement de ces travailleurs qui ne peuvent pas laisser notre Département sans agir ».
Et de terminer son propos par une illustration concrète, « l’entreprise Debris, une entreprise performante en tôlerie fine comptant 71 salariés qui malgré une charge de travail conséquente est pourtant menacée par un patron qui a décidé de placer ses capitaux ailleurs après avoir pressuré tout ce qu’il pouvait… ». Jean-Paul Lecoq a ensuite cité les suppressions d’emplois chez Lafarge : « Plus d’une centaine sans que personne ne bouge, ce qui tranche singulièrement avec l’exemple d’Alstom. Il y a visiblement des prises de position à géométrie variable ou alors l’avenir industriel de la vallée de la Seine a-t-il été condamné en haut lieu ? ».
En réponse, et ne parlant décidément pas le même langage, pour la Droite, l’avenir est au tourisme « qui est devenu la plus grosse entreprise du département » et… aux économies : « Faire des économies ce n’est pas un gros mot, cela doit même être un devoir » selon Michel Lejeune.
Toujours pour la Droite et à propos de Debris et de Lafarge, Denis Merville a souhaité rappeler que « la loi a donné cette compétence à la Région et les Départements ne manqueraient pas d’être rappelés à l’ordre par la Préfète s’ils s’en mêlaient ». Il a ensuite invité Jean-Paul Lecoq à intervenir aussi pour permettre aux salariés qui veulent travailler de le faire en allusion aux mouvements sociaux.
Dominique Métot pour le groupe des indépendants a invité chacun « à respecter la loi et l’esprit de la loi et donc d’en rester aux compétences dévolues aux départements et aux régions ».
Le groupe communiste et républicain, Front de Gauche, n’ayant pas trouvé réponse à ses demandes, s’est abstenu sur cette délibération, Hubert Wulfranc ayant rappelé qu’elles « sont ancrées dans le réel ». Il a invité l’assemblée « à se pencher sur l’analyse du chômage et de la balance des créations et des suppressions de postes sur ce département avant de raconter n’importe quoi ». Le groupe a par contre voté un amendement visant à garantir les emplois des différents personnels des trois structures regroupées.
Télécharger l’intervention complète de Jean-Paul Lecoq : 3-07-interv-jpl-agence-de-developpement
Télécharger le rapport et la délibération présentés en séance du Conseil départemental : rapport-du-4-octobre-2016-723-731