Politique éducative : « Même conception de l’action publique, même méthode, même résultat. Il n’y a que l’étiquette qui change, le contenu est identique ! »
Dans le cadre du débat de politique départementale ouvrant la séance, le groupe socialiste s’est lancé dans une critique ouverte des mesures prises par la majorité dans le domaine de l’éducation, un an après son arrivée à la tête du Conseil départemental. Une politique où les « critères financiers passent avant les critères éducatifs ». La majorité a rétorqué en énumérant tout ce que le Département fait pour soutenir l’éducation et en invitant l’opposition socialiste à un peu de retenue compte tenu de l’état des finances laissées par la précédente majorité. La Droite a tenu par ailleurs à souligner toutes les mesures gouvernementales en opposition avec la communauté éducative.
« Comment en poursuivant une politique aussi semblable, portée par une même logique libérale d’austérité, vous pouvez les uns et les autres vous disputer autant ? » s’est interrogée Séverine Botte au nom du groupe Communiste et Républicain, Front de Gauche. « Sur la question du soutien à l’école privée pour quelques uns au détriment de l’école publique pour tous, vous marquez une vraie différence, les Droites, et nous le voyons bien à travers les mesures prises en Seine-Maritime depuis mars 2015, étant toujours sur l’idée qu’en atomisant l’enseignement, en séparant le bon grain, bien né ou ayant la chance de pouvoir compter sur les revenus de Papa ou Maman, on sert l’égalité des chanceux. Mais après ? Sur le reste ? Les logiques de rationnement des cartes scolaires identiques selon que le Ministère de l’Education Nationale soit dirigé par la Gauche libérale en plein contre sens ou par la Droite traditionnelle sont toutes marquées par des fermetures comptables abusives du point de vue de l’intérêt de l’enfant et de la qualité d’enseignement ».
Puis Séverine Botte a dénoncé « les prétendues réformes qui se succèdent, comme celle du collège, continuent à viser la réduction des moyens sous couvert de modernité, sans concertation et sans adhésion des acteurs concernés. Aux forceps. Le PS dénonce et pourtant, dans le même temps, les Dotations Globales Horaires des collèges, décrétées par l’Etat poursuivent leur mouvement à la baisse… Enfin, bien entendu, vous vous en prenez, les uns et les autres, au pouvoir d’achat des parents d’élève au motif qu’il n’y aurait plus assez d’argent dans les caisses. Forcément l’argent est ailleurs ! Dès lors il vous faut gérer la pénurie que vous avez créée, plutôt que de chercher à obtenir le juste financement pour un système éducatif pourtant considéré par tous comme la clé d’une société apaisée. Vous êtes en pleine contradiction… ».
Puis s’adressant aux élus socialistes, elle s’est étonnée : « Que n’a-t-on pas entendu pour condamner avec nous et avec la principale fédération de parents d’élèves la suppression des bourses départementales ? Jusqu’à ce que l’on apprenne que, pour la prochaine rentrée, le gouvernement supprime les remises de principe destinées aux familles nombreuses, ce qui entrainera pour elles des surcouts en moyenne de 300 Euros. Avec le rationnement du pass’culture pour les collégiens cela commence à faire beaucoup ».
Avant de conclure : « Même conception de l’action publique, même méthode, même résultat. Il n’y a que l’étiquette qui change, le contenu est identique. Cessez donc de vous quereller ainsi, il n’y a plus matière. L’enseignement mérite une autre ambition que la vôtre, des moyens enfin à la hauteur et à l’abri de toute forme d’austérité ». Un constat auquel s’est associé, avec d’autres mots, Dominique Métot du groupe des indépendants, rappelant que seul l’intérêt des collégiens seinomarins doit primer, quelque soit leur lieu géographique. Un peu plus tard, il confirmera cependant son soutien à la majorité de Droite dans ses décisions budgétaires et refusera de voter le rétablissement des bourses aux collégiens.
Le bilan éducatif de la précédente majorité porté par Sébastien Jumel, alors vice-président communiste à l’éducation, ayant été à plusieurs reprises cité par les uns et par les autres, Hubert Wulfranc a tenu pour sa part à valoriser ce qu’un élu communiste en responsabilité est capable de conduire pour faire bouger les lignes, tout en demandant à chacun de se souvenir que ce bilan a toutefois « été freiné par la mise en place des politiques d’austérité décrétées par le groupe socialiste dès qu’il a détenu la majorité absolue ». Des politiques auxquelles les élus communistes se sont opposés.
Au cours de ce même débat, Sophie Hervé a pour sa part souligné qu’avec le budget 2016 « la majorité de droite, a fait le choix délibéré de s’en prendre aux solidarités, pourtant première mission des départements, et de casser entre autres, les outils de l’égalité des chances, en supprimant notamment les bourses aux collégiens. C’est une économie de 930 000 € que vous avez fait sur le dos des familles en supprimant ce dispositif ». Une situation que la conseillère départementale havraise a dénoncé avec vigueur : « la remise en cause de toutes ces aides est scandaleuse car ce sont les familles modestes et aussi les plus en difficultés qui sont ainsi touchées de plein fouet ! ».
Porteuse d’une pétition signée massivement et de plusieurs motions adoptées dans ce sens par des conseils municipaux et conseils d’administration de collèges, Sophie Hervé a lancé un appel : « Avec les familles, les associations, les parents d’élèves nous continuons de refuser la suppression de ces bourses départementales, du Pass’Culture, la diminution du budget alloué au CRED, et la suppression du budget pour les objets confectionnés, et vous demandons Monsieur le Président du Conseil Départemental, de revenir sur ces décisions et de rétablir les bourses départementales et les budgets alloués aux collèges lors d’un prochain collectif budgétaire ». Un appel qui ne sera pas entendu.
Télécharger l’intervention de Séverine Botte : Interv SB DPD groupe PS
Télécharger l’intervention de Sophie Hervé : Interv SH DPD groupe PS